Eloge
de la diversité linguistique
http://culture.coe.fr/AEL2001EYL/fr/diversite.htm
(Conseil
de l’Europe)
La
condition humaine
Notre
planète compte plus de six milliards d’habitants qui parlent entre
6 000 et 7 000 langues différentes. Certaines sont
parlées par des centaines de millions de personnes – c’est
le cas de l’anglais ou du chinois – mais la plupart n’ont que
quelques milliers, voire qu’un nombre minime de locuteurs. En fait, 96%
des langues du monde sont parlées par à peine 4% de la population
du globe.
Les
Européens ont souvent l’impression que l’on pratique un
nombre exceptionnel de langues sur leur continent, surtout en comparaison avec
l’Amérique du Nord ou l’Australie. Pourtant, 3% seulement du
total (soit environ 225) sont des langues européennes. La plupart des
langues du monde sont parlées dans une large zone de part et
d’autre de l’Equateur – en Asie du Sud-Est, en Inde, en
Afrique et en Amérique du Sud.
Bon
nombre d’Européens pensent en outre que le monolinguisme est la
condition naturelle chez l’homme. Or, plus de la moitié de la
population mondiale est bilingue, à un certain degré,
et un grand nombre d’individus sont plurilingues. Le monolinguisme est
donc loin d’être la « norme ».
De
plus en plus, la diversité des langues et des cultures est
considérée comme une richesse, tout comme la biodiversité
dans le domaine de l’environnement naturel. Chaque langue a sa
façon de voir le monde et est le produit d’une histoire propre.
Toutes les langues ont leur identité et leur valeur et toutes ont une
égale pertinence en tant que mode d’expression pour les personnes
qui les parlent. Nous savons, grâce à des comparaisons entre les
vitesses d’apprentissage de la parole chez les enfants, qu’aucune
langue n’est intrinsèquement plus difficile à apprendre
qu’une autre.
La
structure de la langue
La
langue est un système arbitraire de sons et de symboles utilisé
par un groupe de personnes pour communiquer entre elles, exprimer une identité
culturelle, entretenir des relations sociales ou comme source de plaisir
(œuvres littéraires par exemple). Les langues diffèrent par
leurs sonorités, leur grammaire, leur vocabulaire et leur structure du
discours, mais toutes sont des entités extrêmement complexes.
Le
nombre des phonèmes – voyelles et consonnes – varie selon
les langues, de moins d’une douzaine à plus d’une centaine.
Les langues européennes se situent dans une moyenne comprise entre 25
phonèmes environ (par exemple l’espagnol) à plus de 60
(comme l’irlandais). Les alphabets transcrivent ces sons avec plus ou
moins de précision : certaines orthographes (par exemple le
gallois) sont très « phonétiques »,
d’autres (comme l’anglais) beaucoup moins.
Sur
le plan de la grammaire, chaque langue comporte des milliers de modes de
formation des mots et de construction de phrases. Chacune a un vocabulaire
très vaste pour répondre aux besoins de ses utilisateurs ;
dans le cas des langues européennes, où le vocabulaire
scientifique et technique est très riche, le lexique peut atteindre
plusieurs centaines de milliers de mots et de locutions.
Chaque
locuteur ne connaît et n’utilise qu’une fraction du lexique
total d’une langue. Une personne cultivée peut avoir un
vocabulaire actif de 50 000 mots, et un vocabulaire passif –
les mots compris mais non utilisés – bien plus important. Dans les
conversations de tous les jours, on se sert souvent d’un nombre restreint
de mots mais avec une très forte fréquence. On estime
qu’à 21 ans, une personne a déjà prononcé
environ 50 millions de mots.
Les
langues et les cultures sont vivantes et évoluent donc sans cesse. Les
gens s’influencent les uns les autres par leur façon de parler et
d’écrire. Les nouveaux médias, comme Internet, offrent aux
langues de nouvelles possibilités de développement.
Les
langues sont en contact entre elles et ainsi exercent des influences mutuelles
de diverses manières, notamment par les emprunts. L’anglais, par
exemple, a emprunté des mots à plus de 350 langues au cours des
siècles ; aujourd’hui les langues européennes lui
empruntent à leur tour de nombreux termes.
L’acquisition
du langage
L’apprentissage
de la langue maternelle se fait essentiellement au cours des cinq
premières années de l’enfant, mais l’acquisition de
certains de ses aspects (notamment le vocabulaire) se poursuit toute la vie. La
première année, l’enfant produit des sons à partir
desquels vont se forger les structures du rythme et de l’intonation, puis
les voyelles et les consonnes. Vers un an apparaissent les premiers mots
compréhensibles. La deuxième année, l’enfant
articule des combinaisons de deux mots, puis de trois et quatre mots. A trois
ou quatre ans, il forme des phrases de plus en plus longues et complexes. Le
vocabulaire passe d’environ 50 mots actifs à 18 mois à
plusieurs milliers à l’âge de cinq ans.
La
langue maternelle est généralement considérée comme
la « première langue » qu’apprend un
individu. C’est celle qu’il connaît le mieux, qu’il
utilise le plus ou à laquelle il s’identifie. Certaines personnes
bilingues ont appris deux langues en même temps et de manière si
étroite qu’il leur est impossible de dire quelle est leur
« première » ou leur
« deuxième » langue. Mais la distinction est
généralement claire puisque l’apprentissage de la seconde
ou de la troisième langue se fait à l’école ou plus
tard dans la vie. Il n’y a pas de limite d’âge au-delà
de laquelle il est impossible d’apprendre une autre langue.
Le
bilinguisme est un phénomène complexe. Un mythe très
répandu est qu’une personne bilingue possède les deux
langues à égalité ; en réalité, il est
rare qu’il y ait un équilibre entre les deux. De même,
toutes les personnes bilingues n’ont pas les mêmes compétences puisqu’il
existe de multiples formes de bilinguisme. Certaines personnes s’expriment
dans les deux langues comme des locuteurs de langue maternelle, d’autres
ont un fort accent étranger dans l’une des deux. Certains lisent
parfaitement dans les deux langues, d’autres dans une seule. Certains
préfèrent écrire dans une langue et mais ne savent que
parler dans l’autre.
Le
bilinguisme apporte toutes sortes d’avantages. Il favorise
l’apprentissage d’autres langues ; d’une certaine
façon, la connaissance d’une deuxième langue facilite
l’apprentissage d’une troisième langue. Les bilingues peuvent
aussi avoir certains avantages du point de vue de la réflexion. Il a
été prouvé ainsi que les personnes bilingues progressent
plus rapidement que les monolingues au début du développement
cognitif et qu’ils sont, à bien des égards, plus
créatifs dans leurs compétences linguistiques.
Les
bilingues ont le gros avantage de pouvoir communiquer avec un plus grand
éventail de personnes. Ils peuvent vivre en profondeur deux cultures,
voire plus ; ils communiquent donc mieux avec les autres cultures et sont capables
de construire des passerelles culturelles. Ils ont un avantage
économique potentiel puisqu’ils ont plus de choix sur le
marché du travail. De même, il est reconnu que les entreprises
multilingues sont en meilleure position de concurrence que les autres
(monolingues).
Familles
de langues
Les
langues sont liées les unes aux autres comme les membres d’une
même famille. La majorité des langues d’Europe ont une
même origine dite indo-européenne. Elles se regroupent en
plusieurs grandes familles englobant la plupart des locuteurs: les langues
germaniques, romanes et slaves.
La
famille des langues germaniques a une branche nordique qui comprend le danois,
le norvégien, le suédois, l’islandais et le
féroïen et une branche occidentale comptant l’allemand, le
néerlandais, le frison, l’anglais et le yiddish. La famille des
langues romanes réunit le roumain, l’italien, le corse,
l’espagnol, le portugais, le catalan, l’occitan, le
français, le romanche, le ladin et le sarde. En revanche le russe,
l’ukrainien, le biélorusse, le polonais, le sorabe, le
tchèque, le slovaque, le slovène, le serbe, le croate, le
macédonien et le bulgare sont des langues slaves. La famille celtique
compte l’irlandais, le gaélique d’Ecosse, le gallois et le
breton, et l’on observe des mouvements de renaissance du cornique et du
manxois. Le letton et le lituanien appartiennent à la famille des
langues baltes. Le grec, l’albanais et l’arménien
constituent chacun une famille distincte comprenant un seul membre. Le basque
est une exception ; c’est en effet une langue non
indo-européenne et dont l’origine est inconnue.
Par
ailleurs, plusieurs familles de langues non indo-européennes sont
implantées en Europe. Dans le Nord, les langues ouraliennes sont
représentées par le finnois, l’estonien, le hongrois,
plusieurs langues sâmes et d’autres petites langues parlées
dans la partie septentrionale de la Russie, comme l’ingrien ou le
carélien. Dans le Sud-Est, nous avons des représentants de la
famille altaïque, notamment le turc et l’azéri. La famille
caucasienne, parlée dans une zone relativement compacte entre la mer
Noire et la mer Caspienne, comprend une quarantaine de langues, dont le
géorgien et l’abkhaze. La famille afro-asiatique englobe le
maltais, l’hébreu et le berbère.
Toutes
ces langues utilisent un petit nombre d’alphabets. La plupart des langues
ont adopté l’alphabet latin (ou romain). Le russe et certaines
autres langues slaves utilisent l’alphabet cyrillique. Le grec, le
yiddish, l’arménien et le géorgien ont leur propre graphie.
Parmi les langues non européennes largement utilisées sur le
territoire européen, citons l’arabe, le chinois et l’hindi,
qui ont chacune leur écriture.
Les
langues d’Europe
Selon
les estimations, il y aurait environ 225 langues autochtones encore
parlées. Les cinq langues les plus pratiquées en Europe, en tant
que langues maternelles, sont le russe, l’allemand, l’anglais, le
français et l’italien. Mais la plupart des pays européens
possèdent plusieurs langues.
Les
exceptions concernent de petits Etats comme le Liechtenstein ou le
Saint-Siège (Vatican), mais même dans ces pays,
l’utilisation d’une seconde langue est fréquente.
Les
47 Etats parties à la Convention culturelle européenne ont une
quarantaine de langues « d’état » et bon
nombre accordent un statut spécial à d’autres langues.
La
plupart des pays possèdent traditionnellement un certain nombre de
langues régionales ou minoritaires. De ce point de vue, la
Fédération de Russie l’emporte de loin avec 130 à
200 langues selon les critères retenus.
Certaines
langues régionales ou minoritaires ont obtenu un statut officiel.
C’est le cas du basque, du catalan et du galicien dans les régions
d’Espagne où elles sont parlées. Le gallois est une langue
protégée au Royaume-Uni, de même le frison aux Pays-Bas et
les langues sâmes en Norvège, Suède et Finlande.
En
accueillant des immigrés et des réfugiés du monde entier,
l’Europe est devenue un continent de plus en plus multilingue. A Londres,
par exemple, plus de 300 langues maternelles sont pratiquées dans les familles.
Dans la plupart des autres grandes villes, notamment d’Europe
occidentale, on compte facilement de 100 à 200 langues maternelles
parlées en milieu scolaire. Les langues les plus courantes sont
l’arabe, le berbère, le turc, le kurde, le hindi, le pendjabi et
le chinois. Toutefois, nombre de ces langues sont parlées par de petites
minorités et leur avenir est menacé.
L’interaction
orale quotidienne entre parents et enfants est fondamentale pour la survie
d’une langue.
Au
cours de ce siècle, estiment certains experts, au moins la moitié
des langues du monde auront cessé d’être. En l’espace
de deux générations, une langue peut entièrement
disparaître si elle n’est pas transmise aux enfants.
De
multiples raisons peuvent expliquer la disparition d’une langue :
destruction physique d’une communauté ou de son habitat
(après une épidémie ou une catastrophe naturelle),
antagonisme actif de groupes politiques et – c’est la cause la plus
fréquente – domination économique et culturelle par des
langues plus puissantes et plus prestigieuses. Dans tous les cas, c’est
l’humanité qui perd une partie de sa richesse.
Le
Conseil de l'Europe a créé deux instruments internationaux
importants, entrés en vigueur en 1998. La Charte européenne des
langues régionales ou minoritaires est en vigueur dans 11 pays. La
Convention-cadre pour la protection des minorités nationales, qui
comporte certaines dispositions pour les langues minoritaires, a
été adoptée par plus de 30 pays. Ces traités sont
importants pour la protection et la promotion de la richesse linguistique en
Europe.
En
ce début du XXIe siècle, tous les citoyens européens
vivent dans un environnement multilingue. Dans leur vie quotidienne, ils sont
confrontés à de nombreuses langues parlées dans le
bus ou le train, entendues à la télévision ou à la
radio, lues dans les journaux ou sur les modes d’emploi.
Il
est nécessaire d’améliorer la connaissance et la
compréhension populaires de la diversité des langues
d’Europe et des facteurs influant sur leur survie et leur
développement. Il est nécessaire de susciter une curiosité
et un intérêt accrus pour les langues. Il est
nécessaire d’encourager un climat de tolérance linguistique
au sein des nations et entre elles.
Tels
sont quelques-uns des objectifs de l’Année européenne des
langues 2001, organisée par le Conseil de l’Europe et
l’Union européenne.
Le
réseau Internet mondial offre de nombreux sites sur les langues,
la diversité linguistique, le multilinguisme, l’apprentissage des
langues etc. Ci-après figure une sélection de tels sites qui,
pour la plupart, proposent de nombreux liens.
Sites
sur l’Année européenne des langues 2001 : http://www.eurolang2001.org (site joint Conseil
de l'Europe / Commission européenne) et http://culture.coe.fr/AEL2001EYL/index.html
Division
des langues vivantes du Conseil de l’Europe (Strasbourg) : http://culture.coe.fr/lang/index.html
Centre
européen des langues vivantes (Graz) : http://www.ecml.at/
Charte
européenne des langues régionales ou minoritaires : http://conventions.coe.int/Treaty/FR/Treaties/HTML/148.htm
Commission
européenne (langues minoritaires) : http://europa.eu.int/comm/education/langmin.html
Bureau
européen pour les langues moins répandues : http://www.eblul.org
Centre
européen pour les questions minoritaires : http://www.ecmi.de
Conseil
européen pour les langues : http://userpage.fu-berlin.de/~elc/
Ressources
sur les droits linguistiques – Unesco, Conseil de l'Europe, ONG etc.
(collectées par ‘”Clearing House”) : http://www.unesco.org/most/ln2lin.htm
Centre
de recherche européen sur les relations migratoires et ethniques : http://www.ercomer.org
Jeunesse
des communautés ethniques européennes : http://oehinfo.uibk.ac.at/misc/jev
L’Ethnologue
– Base de données (6 700 langues du monde) : http://www.sil.org/ethnologue/
Les
langues sur le web (plus de 30.000 liens) : http://www.languages-on-the web.com
Human
Languages (catalogue de ressources internet – traduction et cours de
langues) : http://www.june29.com/HLP/
CIEMEN -
Déclaration universelle des droits linguistiques : http://www.partal.com/ciemen/conf/
Eurolang
: http://www.eurolang.net/browse.htm
La
liste du Linguiste (Université du Michigan) : http://linguistlist.org/
Computer
E-mail Lists for Individual Languages (Liste d’adresses e-mail par
langue) : http://www.egt.ie/langlist.html
Centre
de ressouces linguistiques « Yamada » (Université
de l’Oregon) : http://babel.uoregon.edu/yamada/guides.html
Site
central des Centres Mercator : http://www.mercator-central.org ; Education : http://www.mercator-education.org
Foreign
Language/Culture Resources (Liens sur les langues/cultures
étrangères) : http://www.itp.berkeley.edu/~thorne/HumanResources.html
ERIC
Clearinghouse on Languages and Linguistics (langues et linguistique) : http://www.cal.org/ericcll/
University
of Cambridge – Language Center : http://www.langcen.cam.ac.uk/
Frequently
asked questions about linguistics (Questions fréquemment posées
sur la linguistique) : http://www.zompist.com/langfaq.html
Dictionnaires
(1500 dictionnaires représentant plus de 230 langues) : http://www.yourdictionary.com/
Dictionnaires
similaires : http://www.dictionary.com/
Autre
dictionnaire (référence à des organismes
internationaux) :
http://eurodic.ip.lu/cgi-bin/edicbin/EuroDicWWW.pl
‘Linguistic
Olympics’ – University of Oregon (jeux, quiz) : http://darkwing.uoregon.edu/~tpayne/lingolym/
en
russe : http://proling.iitp.ru/Boris/Olymp/
« Tongue
twisters » (Virelangues - phrases amusantes pour des exercices de
diction) avec 1842 entrées en 45 langues : http://www.uebersetzung.at/twister/
Sons
du monde animal et traductions : http://www.georgetown.edu/cball/animals/animals.html
« La
prière du Seigneur » en 1116 langues et dialectes
: http://www.christusrex.org/www1/pater/
Comment
dire « Je t’aime » dans différentes langues:
http://www.worldpath.net/~hiker/iloveyou.html