Charles de Gaulle
Charles de Gaulle, né en 1890 dans une famille catholique
lilloise, entame une carrière militaire à l'Ecole de Saint-Cyr.
Après avoir été le chef de la France libre durant la
seconde guerre mondiale, son hostilité à la IVe République
le conduit à la démission de la présidence du Gouvernement
provisoire, en 1946. Il crée en 1947 le Rassemblement pour la France
(RPF). L'impuissance des gouvernements successifs à régler la
question algérienne permet au général de revenir au
pouvoir après la crise du 13 mai 1958. La Constitution de la Ve
République, qu'il fait adopter par référendum, renforce
les pouvoirs de l'exécutif, encore confortés par
l'élection du président de la République au suffrage
universel direct (réforme constitutionnelle de 1962). Une fois
l'Algérie indépendante (accords d'Evian de 1962), celui qui se
fait "une certaine idée de la France" s'attache à
accroître son indépendance (distance avec l'allié
américain, refus d'une Europe supranationale). Réélu en
1965 par une France qui "s'ennuie", de Gaulle ne voit pas venir la
crise de mai 1968 qui le bouscule sans le faire trébucher. Engageant sa
légitimité dans un référendum sur la
régionalisation et la réforme du Sénat, il
démissionne à la suite du "non", le 28 avril 1969. Il
meurt le 9 novembre 1970, à Colombey-les-Deux-Églises.
Quelques grandes dates :
- 18 juin 1940 : Deux jours après la capitulation
française, de Gaulle appelle, depuis Londres, les Français
à la résistance.
- 21 décembre 1958 : Charles de Gaulle devient
président de la République française, après avoir
été élu par un collège électoral. A la suite
de la crise du 13 mai 1958, le président de la République,
René Coty, fait appel au général de Gaulle pour devenir le
dernier président du Conseil de la IVe République.
- 22 mars 1962 : Les accords d'Evian acceptés par
référendum (le 8 avril) en France et en Algérie,
entérinent l'indépendance de cette dernière. Après
l'attentat du Petit-Clamart, le 22 août, de Gaulle propose
l'élection du chef de l'Etat au suffrage universel, adoptée par
référendum le 28 octobre.
- Mai 1968 : Le "joli mois de mai" secoue la
République gaullienne. A l'agitation étudiante succède la
grève générale. Les ouvriers repoussent les accords de
Grenelle négociés entre le gouvernement et les syndicats. De
Gaulle annonce, le 30 mai, la dissolution de l'Assemblée nationale. Les
élections législatives de juin voient le triomphe des gaullistes.
- 27 avril 1969 : Le référendum sur la
régionalisation et la réforme du Sénat est rejeté
par 52,4 % des voix. Le lendemain, Charles de Gaulle démissionne,
considérant que le pacte qui l'unissait aux Français est rompu.
Alain Poher assure l'intérim jusqu'en juin.
Bibliographie
Maurice Agulhon, De Gaulle, Histoire, symbole, mythe. Plon 2000
Paul-Marie de la Gorce, De Gaulle. Perrin, 2000.
Jean Lacouture, Charles de Gaulle. Seuil, trois tomes
(1984-86)
Alain Peyrefitte, C'était de Gaulle. (Trois tomes) Fayard
2000
Jean-Pierre Rioux, De Gaulle : la France à vif. Liana Levi ,
2001
Nicolas Tenzer, La Face cachée du gaullisme. Hachette, 1998.
Ouvrages de Charles de Gaulle :
Mémoires. Gallimard - Bibliothèque de la
Pléiade, 2000.
Le fil de l'épée, et autres écrits, Plon, 1990.
• LEMONDE.FR | 21.06.02 |
17h05
Georges Pompidou
Georges Pompidou, né en 1911, fils d'instituteurs
auvergnats, fait de brillantes études littéraires qui le
mènent à l'enseignement. A la Libération, il devient un
proche collaborateur du général de Gaulle. En avril 1962, ce
dernier le nomme premier ministre, alors qu'il est inconnu du public.
Placé en "réserve de la République" après
Mai 68, il est élu président en juin 1969, à la suite de
la démission de De Gaulle. Voulant incarner le "changement dans
la continuité" du gaullisme, il maintient le cap de la politique
étrangère gaullienne (force atomique de dissuasion,
équilibre entre les Deux Grands, politique pro-arabe), mais il
lève le veto français sur l'entrée du Royaume-Uni dans la
CEE, acceptée par référendum en avril 1972. Avec
l'éviction de son premier ministre, en 1972, Jacques Chaban-Delmas,
partisan d'une plus grande autonomie de Matignon, Georges Pompidou réaffirme
la prééminence du président sur le gouvernement et le
Parlement, et ancre son électorat à droite avec le rejet du
projet de "Nouvelle Société". Le "domaine
réservé" du président ne se limitant plus à la
diplomatie et la défense, il encourage la concentration des entreprises
et lance un grand programme de centres nucléaires, à la suite du
premier choc pétrolier de 1973. Gravement malade, il refuse de quitter
le pouvoir, dans un contexte social et politique difficile. Il meurt brutalement
le 2 avril 1974, avant d'avoir pu achever son mandat.
Quelques grandes dates
1962 : le 14 avril, le président de Gaulle nomme Georges
Pompidou premier ministre, ou plutôt "premier des
ministres", comme il le dira plus tard, alors qu'il est inconnu du public et
étranger au Parlement. Il succède à Michel Debré et
restera six ans à ce poste, un record.
1969 : le 15 juin, Georges Pompidou est élu
président de la République, au second tour, avec 58,2 % des voix.
1972 : en juillet, il remplace Jacques Chaban-Delmas par
Pierre Messmer au poste de premier ministre, malgré un vote de confiance
de l'Assemblée nationale, en mai 1972. En nommant un premier ministre
plus docile, Georges Pompidou veut affirmer là que seul le
président confère sa légitimité au gouvernement.
1974 : le 2 avril, Georges Pompidou meurt brutalement.
Alain Poher assure l'intérim jusqu'en mai.
Bibliographie
François ABADIE, Jean-Pierre CORCELETTE, Georges
Pompidou, le désir et le destin, Balland, 1994.
Serge Berstein, Jean-Pierre Rioux, La France de l'expansion,
l'apogée Pompidou 1969-1974, Collection : Nouvelle histoire de la
France contemporaine, Seuil 1995.
Louis Muron, Pompidou, Flammarion, 1994.
Éric Roussel, Georges Pompidou, Jean-Claude
Lattès, 1994.
Ouvrages de Georges Pompidou :
Entretiens et discours, 1968-1974, Flammarion, 1984.
Pour rétablir une vérité, publié par
Claude Pompidou et Jean-François Saglio, Flammarion, 1982.
Le Nœud gordien, Plon, nouvelle édition 1975.
Valéry Giscard d'Estaing
Né en 1926 à Coblence, polytechnicien et
énarque, Valéry Giscard d'Estaing est élu
député CNI (Centre national des indépendants et paysans)
du Puy-de-Dôme, en 1956. Il fonde, en 1966, la Fédération
nationale des républicains indépendants. En mai 1974, il devient
président de la République, ayant battu de peu le candidat de la
Gauche unie, François Mitterrand. Mais, fait inédit depuis 1958,
le président n'est pas le chef du parti dominant à l'Assemblée,
l'UDR (Union des démocrates pour la République, gaulliste), et
doit composer avec son chef, Jacques Chirac, nommé premier ministre. Le
pouvoir à deux têtes ne fonctionne pas : en 1976, Jacques Chirac
démissionne. Raymond Barre, un économiste, le remplace pour
résorber la crise économique et le chômage. La
volonté du président de "décrisper la vie
politique" est accueillie avec ironie. Il entreprend la
libéralisation de la société (majorité
abaissée à 18 ans, avortement légalisé et divorce
facilité, justice fiscale plus grande), mais il est éclaboussé
par les "affaires" : le suicide mystérieux de Robert Boulin,
ministre du travail, et l'"affaire des diamants" (ceux, d'une valeur
de 1 million de francs, offerts à "VGE" par Jean Bédel
Bokassa). Il est battu à la présidentielle de 1981 par
François Mitterrand. En décembre 2001, l'ex-président, qui
a beaucoup œuvré pour l'Europe durant son mandat (SME,
élection des députés européens au suffrage
universel), redevient président… de la Convention sur l'avenir de
l'Europe.
Quelques grandes dates
1966 : VGE fonde la Fédération nationale des
républicains indépendants (RI), alliée au pouvoir
gaulliste, qu'il préside jusqu'en 1973.
19 mai 1974 : il remporte l'élection
présidentielle d'extrême justesse contre François
Mitterrand avec 50,8 % des suffrages.
Août 1976 : Jacques Chirac démissionne avec
fracas de son poste de premier ministre. Il soupçonne VGE de vouloir
opérer un renversement d'alliance en s'entendant avec les socialistes,
car le président refuse de dissoudre l'Assemblée pour contrer la
montée de la gauche.
1978 : VGE fonde, conformément à son souhait de gouverner
au centre, l'Union pour la démocratie française (UDF), union de
la droite non gaulliste et du centre.
1981 : il est largement battu (48,2 %) au second tour de
l'élection présidentielle par François Mitterrand,
candidat de l'Union de la gauche.
Bibliographie
Frédéric Abadie et Jean-Pierre Corcelette, Valéry
Giscard d'Estaing, Balland, 1997.
Samy Cohen et Marie-Claude Smouts, La Politique
extérieure de Valéry Giscard d'Estaing, Presses de la
Fondation nationale de sciences politiques, 1985.
Roger Delpey, Le blanc et le noir, Grancher, 1991.
Thomas Ferenczi, Le prince au miroir : essai sur l'ordre
giscardien, Albin Michel,1981.
Ouvrages écrits par Valéry Giscard d'Estaing :
Deux Français sur trois, Flammarion, 2001.
Les Français, réflexion sur le destin d'un peuple, Plon, 2000.
Dans cinq ans, l'an 2000 : les enjeux de l'élection
présidentielle, Compagnie 12, 1995.
Le pouvoir et la vie (2 tomes), Compagnie 12, 1994.
Le Passage, Robert Laffont, 1994.
L'état de la France, Fayard, 1981.
La démocratie française, Fayard, 1976.
François Mitterrand
Né en 1916 à Jarnac (Charente), François
Mitterrand suit des études de lettres et de droit à Paris,
où il fréquente les milieux de la droite antiparlementaire.
Après avoir été décoré de la francisque pour
son travail dans l'administration de Vichy, il rejoint la Résistance en
1943. Député UDSR (Union démocratique et socialiste de la
Résistance) de la Nièvre, son ascension politique est interrompue
par l'arrivée au pouvoir du général de Gaulle en 1958.
Artisan de l'union de la gauche, il met le Général en ballottage
en 1965 et remporte l'élection présidentielle de 1981. Président
nouvellement élu, il prend soin de se placer au-dessus ou à
côté du PS. Cela lui permet de se faire réélire en
1988 et de rester en place lors de deux cohabitations (1986-88 et 1993-95),
durant lesquelles cet ancien adversaire des institutions de la Ve République se pose en garant des
institutions. Désirant "changer la vie", il fait adopter une
série de mesures sociales (retraite à 60 ans, cinquième
semaine de congés payés, semaine de 39 h), institutionnelles
(régionalisation) et abolit la peine de mort. Mais la conjoncture
économique le pousse à adopter une politique de rigueur
impopulaire. Européen convaincu, François Mitterrand se consacre
à la construction européenne (référendum sur le traité
de Maastricht en 1992). Le début de la décennie 1990 est
marquée par les scandales politico-financiers et le suicide de Pierre
Bérégovoy, en 1993. François Mitterrand, atteint d'un
cancer, meurt en janvier 1996.
Quelques grandes dates :
1958 : l'arrivée au pouvoir de Charles de Gaulle, le 21
décembre, interrompt sa carrière. Opposant résolu au
Général, il critique le caractère trop personnel du
pouvoir présidentiel que lui attribue la Constitution de la Ve République, dans lequel il voit un "coup
d'Etat permanent".
1965 : candidat unique de la gauche, il met le
général de Gaulle en ballottage au premier tour de
l'élection présidentielle. Il obtient 44,5 % des voix au second
tour. Ce succès relatif lui confère la place de chef naturel de
l'opposition de gauche non communiste.
11-13 juin 1971 : au congrès d'Epinay, il est à
l'origine de la fondation du nouveau Parti socialiste (PS), qui regroupe
l'ancienne SFIO et divers mouvements de gauche.
10 mai 1981 : opposé pour la seconde fois à
Valéry Giscard d'Estaing, il est élu président de la
République, avec 51,75 % des voix.
8 mai 1988 : face à Jacques Chirac, il est
réélu président de la République, avec une
confortable majorité (54,4 % des voix).
Biliographie
Ouvrages écrits par François Mitterrand
Les Prisonniers de guerre devant la politique, Ed. du Rond-Point,
1945.
Aux Frontières de l'Union française, Julliard, 1953.
Présence française et abandon, Plon, 1957.
La Chine au défi, Julliard, 1961.
Le Coup d'Etat permanent, Plon, 1964.
Ma part de vérité, Fayard, 1969.
Un socialisme du possible, Ed. du Seuil, 1971.
La Rose au poing, Flammarion, 1973.
La Paille et le Grain, Flammarion, 1975.
Politique I, Fayard, 1977.
L'Abeille et l'Architecte, Flammarion, 1978.
Ici et Maintenant, Fayard, 1980.
Politique II, Fayard, 1982.
Réflexion sur la politique extérieure de la
France,
Fayard, 1986.
Lettre à tous les Français, Campagne
présidentielle 1988.
Mémoire à deux voix, en collaboration
avec Elie Wiesel, Odile Jacob, 1995.
Onze Discours sur l'Europe (1982-1995), Institut italien pour les
études philosophiques/EHESS, Vivarium, coll. " Bibliotheca
Europea ", 1996.
Mémoires Interrompus, entretiens avec Georges-Marc Benamou
Odile Jacob, 1996.
De l'Allemagne, de la France, Odile Jacob, 1996.
Les Forces de l'esprit, messages pour demain, Fayard, 1998
Ecrit sur Mitterrand :
La Décennie Mitterrand (4 volumes) de Pierre Favier et Michel
Martin-Roland (Seuil 1999)
Mitterrand de Jean Lacouture (Editions du Seuil 1998)
François Mitterrand, une vie de Franz-Olivier
Giesbert (Editions du Seuil - Poche 1997)
François Mitterrand : portrait d'un artiste, de Alain Duhamel
(Flammarion 1997)
Mitterrand : le roman d'une vie de Jean-Marie
Colombani (Mille et une nuits 1996)
Mitterrand : l'autre histoire, 1945-1995 de Paul Webster
(Editions du Félin 1995)
Une jeunesse française : François Mitterrand,
1934-1947, de Pierre Péan (Fayard 1994)