avec
Marguerite Gurgand (1916-1981),
conteuse
melloise
“Si vous oubliez
d’où vous venez, vous ne saurez plus qui vous êtes."
Marguerite et Jean-Noël
Gurgand, L’histoire de Charles Brunet,
(1982), 185
Ainsi
disait-elle, ma mère d’hier et d’aujourd’hui, ma mère d’avant
les remembreurs, les goudronneurs, les tronçonneurs, ma mère
du temps des coquelicots, ma mère des troupeaux qu’on rentre, ma
mère des crêpes une pièce dans la main et des oeufs
de Pâques cachés au jardin, ma mère qui n’a jamais
jeté du pain. . . (HCB, 185)(1).
Il
convient, je crois, de laisser la parole au fils écrivain, disparu
lui aussi quelques années après sa mère (le 17 novembre
1988), pour présenter Marguerite Gurgand. Elle n’aura écrit
que trois livres; deux seulement en entier. Elle en était à
peu près à la moitié de L’Histoire de Charles Brunet,
dont j’ai extrait la citation précédente et le passage qui
va suivre, quand la mort l’a surprise le 30 octobre 1981 alors qu’elle
n’avait que 65 ans. Disposant des notes et du plan laissés par celle-ci,
Jean-Noël Gurgand reprit la phrase interrompue et acheva l’ouvrage,
à la fois pour en donner la fin et pour célébrer sa
mère. Ce livre fut publié en 1982 par les mêmes éditions
Mazarine, éditeur des deux premiers livres de l’auteur.
Gestes,
moments. Je la vois, ma mère, à la ferme, plumant l’oie,
dépouillant le lapin qui tressaille encore, portant à pleins
seaux “la beurnée aux gorets,” servant aux voisines le lait chaud
tiré, cuisinant pour les longues tablées des grandes occasions,
moissons ou autres. (HCB, 147).
Elle
avait soixante ans, les cheveux gris et, à ce qu’elle disait, “les
mains vides”. Les enfants étaient trop loin, la maison trop grande
et les roses elles-mêmes, certains soirs, ne font que rendre plus
aiguë la vanité des jours pour rien. “Le temps me dure,” nous
écrivait-elle parfois, mélancoli-mélancola.
C’est
alors qu’elle a ressorti le cahier vert relié Vélin d’Angoulême
naguère acheté pour faire des économies sur deux colonnes
et vite devenu fourre-tout: Penser à l’engrais pour le bégonia
Rex... Mis couver 13 oeufs sous la poule rousse...
Elle
a tiré un trait et s’est lancée: “Ces pages blanches me fascinent
ce soir. Et si j’essayais d’y faire chanter des mots? J’y raconterais un
à un les menus trésors de nos vies quotidiennes, nos soucis
sans grandeur, nos histoires ordinaires, entre la joie des matins et les
larmes faciles du soir. . . Notre pain de chaque jour. . .(HCB, 157-158).
En
1979, elle m’envoie le manuscrit de Nous n’irons plus au bois.
[...] Un éditeur le refuse en trois semaines, un autre le prend
en une nuit. (HCB,158).
Son
deuxième livre, Les Demoiselles de Beaumoreau,
elle l’a écrit dans la foulée, l’hiver suivant, sur des bouts
de page, sur des coins de table, [...].Il s’agissait cette fois de raconter
l’histoire de trois soeurs chassées de Saint-Domingue par la révolte
des esclaves, débarquant à Tillou en 1804 et cherchant à
redonner un sens à leur vie en expiant les fautes des pères.
Nous
avons tous au coeur le souvenir d’évidences mystérieuses
et indicibles, impossibles souvenirs nés dans la nuit des hommes,
continue Jean-Noël Gurgand, mais elle avait, ma mère, par privilège,
le pouvoir d’en susciter l’écho chez ceux qui la lisaient.
Sans
doute faut-il y voir l’une des raisons de l’improbable succès de
ses Demoiselles,
Prix Ceci, Prix Cela, des semaines durant dans les listes de best-sellers.
“Devant d’Ormesson, Tournier, Norman Mailer, tu as vu? me téléphona-t-elle
une fois. Tu es sûr qu’ils ne se sont pas trompés?
Je
feuillette. “Ecrire, dit-elle dans une interview, c’est pour moi une façon
de démêler ce qui
me tient à coeur.” (Le Courrier de l’Ouest).
“Une conteuse nous est née.” (Le Monde).
“Une femme d’aujourd’hui qui parle d’autrefois, une femme d’autrefois qui
parle d’aujourd’hui.” (Le Nouvel Observateur).
[...] (HCB,161).
A
Tillou se succédaient les journalistes et les micros... Elle retourna
à Angers voir ses amies de pensionnat quittées cinquante
ans plus tôt, tout étonnée de trouver des feux rouges
aux carrefours et des vieilles femmes au rendez-vous... (HCB,162).
Dois-je
souligner que c’est à Angers qu’elle avait obtenu son Brevet supérieur,
affirmant déjà à sa mère qu’elle “veu[t] être
écrivain”? Mais pour la “petite sauvageonne patoisante” (NAB, 13)
devenue paysanne du Mellois et qui “ourlait du matin au soir sur la toile
rêche” dans “la grande maison sévère” d’un père
marchand de bestiaux,” souhaitant que sa fille soit “l’ombre silencieuse
que les femmes m’apprenaient à être” (NAB, 26), ce ne pouvait
point être un métier. Il faudrait donc attendre.
Trois
livres. “C’est peu. Mais c’est déjà tellement,” comme le
note si bien celui me les a fait découvrir, le journaliste deux-sèvrien,
Patrick Béguier(2).
Les
histoires amusantes ou étranges que la conteuse a pu débusquer,
les parlers savoureux et les gestes augustes qu’elle a su récolter
de la terre poitevine, et surtout le regard profond et tendre qu’elle a
porté, derrrière ses lunettes et sa malice, sur toutes les
choses de la vie et de la mort, ont ouvert un large sillon dans nos mémoires
et nos coeurs.
“Je
ne suis pas un écrivain. Je suis une conteuse,” dira Marguerite
Gurgand lors de sa visite chez Pivot. Or, c’est bien ce dont il s’agit
dans Nous n’irons plus au bois,
titre emprunté à celui d’une chanson de nos grands-mères:
un récit de quinze histoires qui prennent le nom de: ‘Le retour
aux sources,’ ‘Le temps du muguet,’ ‘Victorine la Toucheuse.’ ‘Le petit
curé,’ ‘La veillée,’ ‘Les anciens,’ ‘La fête,’ etc.
J’aime
bien ces histoires, écrit-elle, en conclusion de son récit
intitulé ‘La veillée’, et le patois, que je ne sais pas transcrire,
leur donne une saveur incomparable.” Et de nous reproduire comme illustration
le premier couplet de la chanson de la “mère agasse,”
qui aurait été écrite pour railler la reine Catherine
de Médicis et son agasson, Charles IX, en visite en Poitou. Aujourd’hui
encore, tous les enfants la connaissent. Jusqu’à quand, s’interroge-t-elle,
se transmettront nos pauvres trésors? (NAB, 168).
Revenons
un peu avec elle à ces veillées d’antan:
Celles
des éplouneurs de garouil (éplucheurs de maïs), des
casseurs de calot (noix), des palissonneurs, des fileuses de chanvre ...
Tous s’unissaient en légendes, en chansons, dans l’odeur des crêpes
et des châtaignes grillées.” (NAB, 116). “La châtaigne
est aussi nécessaire à la réussite d’une veillée
que la présence d’un bon conteur et d’une flambée dans la
cheminée. Et encore pas n’importe quelle châtaigne. Il nous
faut la nouzillade, réputée aiguiser les esprits et les langues.
Elle a la blondeur et le satiné des noisettes sauvages, celles que
nos anciens appelaient les nouzilles, d’où son nom. Elle fut créée
par Junien, notre moine laboureur qui l’inventa, dit-on, pour l’amour d’une
reine. (NAB, 153).
Dans
ce même récit de ‘La veillée,’ elle nous rappelle ce
que c’était que de “faire godaille”: “Tous nous avons versé
le clairet sur le petit fond de bouillon chaud, levé l’assiette
à nos lèvres, et bu à même comme des générations
de gens parfaitement éduqués l’avaient fait avant nous à
cette même table.” (NAB, 154).
D’emblée,
dans son avertissement au lecteur, elle nous demande de lui pardonner “d’avoir
légèrement arrangé telle ou telle des histoires, soit
pour éviter de gêner ceux qui les ont vécues avec moi,
soit simplement parce que je n’ai jamais pu m’empêcher de vouloir
que les souvenirs, comme les divisions, tombent juste.” Et dès la
seconde ligne du premier récit, intitulé ‘Déménagement’,
où elle raconte son retour à Tillou en compagnie de “son
homme”, son Gaston s’appellera désormais Pierre et elle-même
se donne le nom de Fannie.
Reste
donc assise sur ton banc, Fannie, ce sera ta place, se raisonne-t-elle.
Ecoute les oiseaux, les grillons, le froissement des feuilles; le vent
apporte au loin le bourdon-nement d’un tracteur, le cri aigu d’une femme
rassemblant ses chèvres.” (NAB, (9).
Si
elle avait su ou voulu utiliser les catégories savantes de Serge
Doubrosky, elle se serait sans doute accordée avec lui pour dire
: “Autobiographie? Non, c’est un privilège réservé
aux importants de ce monde, au soir de leur vie, et dans un beau style.
Fiction, d’événements et de faits strictement réels;
si l’on veut autofiction”(3).
Plus simplement, à l’instar de sa contemporaine de l’Ouest canadien,
Gabrielle Roy (1909-1983), elle aurait sans aucun doute assimilé
sous un même genre englobant ce que cette dernière nomme en
bloc “reportages, contes, nouvelles, récits assez courts,” le tout
préludant, pour l’auteur manitobain à Bonheur d’occasion
(1945) et à son oeuvre romanesque.
J’aurais
aimé comparer l’univers de ces deux femmes racontant sous une forme
admirablement classique l’une et l’autre le pays de leur enfance (La
Petite Poule d’eau,
1950; la Montagne secrète,
1961; les Enfants de ma vie,
1977; La Détresse et l’Enchantement,
1984) et dont l’oeuvre manifeste une grande sensibilité aux êtres
ainsi qu’un admirable souci de la précision des lieux et des atmosphères.
A témoin cette citation de Gabrielle Roy tirée d’un manuscrit
d’un texte inédit que vient de publier l’Université McGill
à Montréal:
Je
vais, je viens. Les étoiles s’allument. Je crois respirer le parfum
délicat des giroflées que ma mère mettait autour de
la galerie et qui, le soir venu, se répandait dans toute la rue.
Il embaume encore ma mémoire. J’entends, au loin, les chantantes
voix françaises de mon enfance dont le souvenir me remue si puissamment.
Comme ils ont eu la vie dure, les miens! (4)
L’Ouest
canadien... Le Québec... A l’égal de Michel Ragon (5),
qui remarque dans L’accent de ma mèreque
le Québec et l’Acadie l’ont aidé à retrouver le dialecte
vendéen, j’avouerai
être particulièrement sensible aux charmes de Marguerite Gurgand
et à ses souvenirs pimentés de parler patoisant. C’est donc
ce dernier point seulement qui me retiendra. Me faut-il offrir comme justification
supplémentaire en me référant à Claude Hagège (6)que
“c’est par le culte nostalgique de la source que se caractérise
l’esprit de l’exil” ?
A
ce culte nostalgique de la source, i.e. de mon propre patois d’enfance
en terre paysanne des Deux-Sèvres, s’ajoute un tantinet d’esprit
de revendication. Pierre Rézeau, le lexicologue vendéen -
il est originaire de Fontenay-le Comte - et collaborateur au dictionnaire
Trésor
de la langue française,
n’hésite pas à en faire la judicieuse remarque: “Certains
critiques s’esbaudissent parfois des mots ou des tournures qu’ils recueillent
avec gourmandise chez des écrivains du Québec, sans s’aviser
que beaucoup de ces traits sont aussi en usage dans l’Ouest (7)”D’autant
plus, comme le note de son côté Raymond Doussinet, que “cette
langue en quichenotte [...] s’enfuit en déroute,” [et qu’] on s’efforce
de rassembler ces mots, autrefois pleins de sève et de force, que
le vent roule comme des feuilles mortes (8)”
Oui,
qu’il était expressif et coloré ce patois de mon enfance!
“Bedasser” avec sa désinence péjorative en -asse
est plus prégnant que peiner, trimer ou besogner, de même
que l’est le verbe “acacher” pour dire appuyer, presser fortement. Partout
perce le pittoresque. Dans les verbes bien sûr: “s’aisiner,” c’est
être adroit à l’ouvrage, le faire avec aisance, tandis que
“petasser,” c’est ne pas avancer en besogne; “berdasser,” c’est tenir des
propos inconsidérés (d’où le péjoratif Marie-berdasse,
commère de village); “bouquer,” attesté depuis 1752, et dont
le sens d’être vexé et de faire la moue, est surtout vivant
dans l’Ouest; “s’épivarder,” se plumer avec son bec comme le pivert,
veut dire “faire le beau,”“s’acrapaudir,”
c’est s’aplatir comme un crapaud; “frelasser,” c’est faire un bruit de
ferraille. Citons encore le joli verbe “bouliter,” regarder par une “boulite”
(i.e. une petite ouverture, une niche dans un mur ou un interstice) et
par extension jeter un regard furtif.
L’“aigail”(attesté
depuis 1561 dans l’Ouest), c’est la rosée, tandis que l’ “ève,”
c’est l’eau. L’arena tela
du latin devient chez Maurice Fombeur la poétique “arantèle”
pour dire la toile d’araignée. L“ageasse” (ou par palatisation,
l’“ayasse”), c’est la pie, tandis que la “grolle,” (du latin gracula),
c’est le corbeau; le “jau” (du latin gallus),
c’est le coq; le “piron,” c’est l’oison; un “bedet,” c’est un jeune veau,
un “viâ” comme l’écrit Marguerite Gurgand (NAB, 88), mais
aussi un synonyme de nigaud; une “boude” est une génisse qui tête
encore sa mère; le “lumat,” c’est le limaçon et la loche,
la limace. Le “fisson,” c’est la langue fourchue de l’aspic et de la femme
vipérine, c’est-à-dire médisante. Comme le note encore
notre conteuse, “le serpent, chez nous, est toujours féminin, peut-être
en hommage à Mélusine” (NAB, 22); le “timbre,” c’est l’abreuvoir
taillé dans la pierre calcaire, un terme attesté dans l’Ouest
depuis le XVIe siècle, et notamment chez Rabelais; une mitaine,
c’est comme au Québec, un gant de laine, mais aussi une moufle de
cuir épais servant à couper des épines et à
fagoter les arbres.
C’est
surtout dans les images que transparaît ce pittoresque. D’un hypocrite,
on dira qu’ “il est franc comme un âne qui recule.” Au lieu de “amis
comme cochons,” on dira plutôt “amis comme gorets.” Pour exprimer
l’aisance, on dit des gens qu’ils sont “heureux comme poulets en mue.”
(La mue - dont parle également Marguerite Gurgand - est la cage
étroite où l’on met la volaille à l’engrais.) “Chasser
les perdrix coiffées,” c’est courir les filles. “Etre accrêté
comme un jau,” c’est être rouge de colère comme un coq. “Plumer
la grolle,” c’est prendre une légère collation. “Faire un
repas d’ouailles,” c’est manger sans boire. Honni soit qui mal y pense
à notre époque du parler “politiquement correct,” l’expression
de café, “baiser une fillette” ne doit pas vous choquer, car c’est
innocemment vider, habituellement à deux, une bouteille de 33 cl.
de vin bouché qu’on appelle une “fillette.” Et quiconque est familier
de nos palisses, - “ombre des palisses” qui, note avec humour Marguerite
Gurgand, abrite certaines “félicités [...] bien terrestres”
(NAB,176) - comprenez les haies vives faites de branches d’épine
noire, et les buissons touffus d’épine blanche du bocage, saisira
la vérité de l’image: mourir, c’est “musâ ó
bwésen”, comprenez: passer à travers le buisson.
Ce
pittoresque de l’image paysanne, nous le retrouvons bien sûr en parcourant
Nous
n’irons plus au bois. Voici
à titre d’illustration rapide quelques exemples relevés au
passage. Ainsi (à propos de sa riche tante): “je lui connaissais
des diamants gros comme des petits pois” (NAB, 205); (d’une de ses petites-filles):
“sous un physique d’angelot extasié, l’enfant se révélait
fantasque comme une chèvre sauvage.” (NAB, 211); ou encore: “Belle
penchait la tête comme un oiselet à l’écoute” (NAB,
214); “ils (i.e. les gamins à la sortie de l’école) se reniflaient
comme de jeunes chiots au lâcher du chenil” (NAB, 212) ; “ils (i.e.
les remembreurs et leurs suppôts) arrachaient les haies comme des
dentelles de fille” (NAB, 226).
En
résumé, le lexique du patois de l’Ouest constitue une sorte
de musée où l’on retrouve quelques mots d’origine gauloise,
tel ce verbe “musser” attesté depuis l’ancien français; tel
aussi le mot “dorne,” - “très usité en Poitou,” note en bas
de page Marguerite Gurgand (NAB, 160) pour la “poche faite en relevant
le bas du tablier dans sa main” dans le but de porter différents
objets. Musée donc où l’on retrouve aussi maints termes de
l’ancien et du moyen français, tel le mot “métives” (NAB,
20) pour l’époque de la moisson, attesté dans l’Ouest depuis
le Moyen Age, et que l’on n’emploie plus qu’en parlant du passé;
ou encore le verbe “garrocher” pour lancer violemment, dérivé
de l’ancien français “guaroc” d’origine germanique. Il faut aussi
y ajouter certains emprunts à la langue bretonne, tel le mot “galerne,”
pour le vent du nord-ouest, et plus encore aux parlers d’oc, par exemple,
“zire” pour répugnance, “mogettes,” pour haricots blancs secs, ou
encore l’odorant fromage de chèvre de notre Poitou au joli nom de
“chabichou”: un mot d’origine dialectale à rattacher à la
famille issue du latin capra
ou son équivalent de “bique,” autrefois omniprésente vache
du pauvre.
Pourquoi,
comme le chante Gilles Vigneault, est-ce que je retourne encore instinctivement
aujourd’hui à ce “langage de mon père, patois XVIIème,”
sinon en raison de l’attachement affectif pour ces mots et expressions
de chez nous retrouvés chez notre conteuse patoisante, mots qui
semblent enfermer un ‘surplus de sens’?
“J’aime
être née de vous, mes paysans sans gloire” (NAB,171). Issu
de la même race que Marguerite Gurgand et, comme elle sans doute,
aux temps de mes vertes années, ayant “couru la galipote” - comprenez
couru le guilledou - dans les mêmes chemins creux du Mellois ou du
Bocage bressuirais, à l’image de ces “coureux de galipote”, dont
parle de son côté Antonine Maillet, comment conclure autrement
que par une note sentimentale: ce patois de mon enfance, désormais
confié au Grand Congélateur des dictionnaires de régionalismes,
reste attaché à une partie de mon âme et de ma culture;
or ce n’est point le moindre mérite de ce regard et de cette lecture
nostalgiques que de l’avoir pour un moment ressuscité.
Références
1.
Abréviations utilisées: HCB L’Histoire de Charles Brunet (Paris:
Ed. Mazarine, 1992).
NAB
Nous
n’irons plus au bois
(Paris: Ed. Mazarine, 1979).
2.
“Marguerite Gurgand La grande dame des demoiselles,” Signatures en Deux-Sèvres:
(Conseil
Général des Deux-Sèvres, 1994), 199.
3.
Alex Hugues, “Serge Doubrosky’s ‘Gender Trouble’: Writing the (Homo)textual
Self in Un amour de soi,” French Forum,
(September 1995), 315.
4.
“Ma petite rue qui m’a menée au bout du monde” (Littérature
nº 14, 1996),
161.
5.
L’accent de ma mère Une mémoire vendéenne (Paris:Plon,
1989), 246.
6.
Le
souffle de la langue
(Paris: Odile Jacob, 1992), 25.
7.
Dictionnaire
des régionalismes de l’Ouest(Paris:
le Cercle d’or, 1984), 279, note 36.
8. “Les Travaux et les jeux en vieille Saintonge”. Cité par Pierre Rézeau in Dictionnaire des régionalismes de l’Ouest, op. cit., 13.). Voir aussi à propos du Dictionnaire du français régional de Poitou-Charentes et de Vendée par Pierre Rézeau, 1989: “Les mots de chez nous” par Raymond Maudet, Le Courrier de l’Ouest(16 mars 1990).